Avez-vous entendu parler de l’arnaque au recouvrement, un type particulier d’escroquerie ciblant des victimes déjà victimes de fraudes financières ? Ces escrocs, souvent basés dans des centres d’appels, promettent faussement aux victimes qu’elles peuvent récupérer les sommes perdues lors d’une précédente arnaque, en se faisant passer pour des enquêteurs, des cabinets d’avocats ou des spécialistes en recouvrement.
Le mode opératoire est particulièrement sournois : après avoir subi une première escroquerie, généralement des faux investissements, les victimes reçoivent de nouveaux appels leur assurant que leurs fonds perdus peuvent être récupérés. Les escrocs les convainquent ensuite de payer des frais supplémentaires (taxes ou frais administratifs fictifs), aggravant considérablement leur situation financière.
Une enquête internationale menée par plusieurs médias a dévoilé l’ampleur du phénomène et les rouages internes de ces opérations criminelles. Deux organisations majeures sont citées : AK Group, opérant depuis Tbilissi en Géorgie, ayant escroqué au moins 35,3 millions de dollars, et le Réseau Saphir, ayant détourné environ 240 millions de dollars, dont près de 3 millions à des victimes françaises.
Les victimes sont repérées facilement grâce à des fichiers appelés « recovery leads », vendus sur des groupes Telegram spécialisés. Ces fichiers contiennent des données détaillées sur les victimes, y compris leurs pertes précédentes, permettant aux escrocs d’élaborer des scénarios convaincants et personnalisés.
Le processus de tromperie est devenu très sophistiqué. Les escrocs utilisent de fausses publicités et des sites web reproduisant les logos d’organisations reconnues, telles qu’Europol, afin d’établir une apparence crédible. Les victimes, déjà fragilisées, tombent souvent dans ce piège psychologique et financier, entraînant des pertes parfois plus élevées que lors de la première arnaque.
Cette pratique, appelée aussi « escroquerie au carré », est aujourd’hui intégrée dans la stratégie même de nombreux centres d’appels frauduleux. Face à cette menace grandissante, il est difficile de quantifier précisément l’ampleur réelle du préjudice, beaucoup de victimes hésitant à porter plainte.